Youssouf Al-Rachid, histoire d'un prisonnier de guerre

Je quittai mon pays il y a déjà 12 ans. La puissante armée de Galléon dans laquelle j'étais officier envahit d'abord la petite île de Blivek, puis fondit sur l'ancienne Confédération Urdienne. Nous écrasâmes sans grande difficulté ses forces militaires avant de continuer notre avancée en territoire impie nommé Twyden. Ma compagnie se démarqua rapidement au combat et fut vite envoyée vers les terres chaotiques de Bélénos. Je me butai cependant avec mes hommes à une étonnante résistance de l'un de ses comtés. On me dit plus tard son nom: Héodim. Malgré notre nombre important, mes troupes étaient sans cesse harcelées par des combattants habitués au raid: ils nous attaquaient sans prévenir, nous infligeaient des pertes considérables puis fuyaient, nous laissant le soin de rassembler nos blessés et de brûler nos morts.

Je fus capturé en hiver, quatre ans après le début de ma mobilisation. Je perdis tout espoir de jamais rentrer chez moi et même de vivre pour savoir si mon peuple allait vaincre ou périr en ces terres sauvages. Je fus cependant épargné par le général de la troupe responsable de ma capture, les «Dogs of War». Comment aurais-je tenté de résister? L'espoir de vivre et mon fanatisme m'avaient quitté au cours des combats que j'avais livré sans répit ni pitié après toutes ces années. C'est cette perte de foi qui m'ouvrit à une nouvelle connaissance, une nouvelle voie: celle d'Usire Aédon, pourtant ennemi juré des miens. Un clerc, le second du général, m'enseigna longuement et patiemment ce qu'il connaissait. Je me mis au service de mes sauveurs, Idris Coroleone et Arazan Derzekein. Je leur doit la vie et un but à mon existence. Je les suivit donc lorsqu'ils partirent en Hyden avec leur troupe: Les Molosses, dont je fais à jamais partie.